mardi 25 novembre 2014

Mr Patriarcat

Mit la couleur de Visant-militant dedans ( http://www.visant.fr/patriarcat.jpg)


Pour en voir plus cliquer là : http://www.visant.fr/patriarcat.jpg

Tit’dame marche très vite à petits pas serrés son sac bien fermé et collé entre son bras et son aisselle. A droite. Elle le tient à droite et ses clefs serrés dans son poing à gauche. Parce qu’on ne sait jamais.
Tit’dame aimerait marcher plus vite, parce que la nuit est tombée, qu’elle est seule et qu’elle n’entend que le bruit de ses talons sur le macadam. Mais elle marche depuis si longtemps qu’elle aimerait s’arrêter, elle est maintenant coincée au milieu du passage piétons. C’est bizarre. Les irrégularités du sol font comme des collines à escalader. Comme si elle n’en n’avait pas assez escaladé des montagnes !!
Depuis qu’elle marche ce matin, le monde change, devient plus grand. Ce doit être la fatigue de la journée. Parce qu’elle a été longue cette journée.
Tit’dame n’aime pas marcher en talons, elle n’aime pas les jupes droites non plus. Mais ce matin elle avait en entretien d’embauche dans une grande société alors elle a fait avec. Elle a gentiment enfilé son uniforme d’entretien d’embauche. Celui de la trentenaire-qui-présente-bien. Son mec lui a dit : « pas trop courte la jupe, hein, ça fait salope, et pas trop long, non plus, hein, ça fait vieille fille ». Il y a quelque chose qui la dérange quand il parle comme ça, mais elle ne peut pas lui en vouloir. Il est tellement gentil. Enfin, pas toujours. Mais les autres lui disent qu’à son âge, il vaut mieux rester avec lui, parce que ce n’est quand même pas facile de trouver quelqu’un. Et puis, comme dirait sa mère, «  la vie, ma p’tite fille, ce n’est pas toujours simple, parfois il faut faire des concessions, alors même si tu n’en as pas toujours envie, force toi !! Le plaisir vient en mangeant ! ».
Bon, évidemment ce n’est pas le moment de penser à tout ça devant le miroir. Il faut qu’elle le décroche ce job, elle a 32 ans, un diplôme universitaire en poche, des envies toutes simples d’un appartement plus grand, une pièce en plus, ce serait bien, pour faire un bureau, (« ou une chambre d’enfants » dit sa mère) . Pcht’ Tit’dame chasse maman de ses pensées, se maquille, (ni trop ni pas assez), choisit des souliers à talons (ni trop hauts ni pas assez), son manteau passe-inaperçue et descend les escaliers.
Tit’dame s’engouffre dans la bouche de métro, ( enfin elle préfère penser comme cela parce que c’est une phrase qu’elle a souvent lue dans des livres), en réalité, elle joue des coudes pour descendre à peu près debout et arriver entière en conservant une figure humaine jusqu’à son quai. Les couloirs sont interminables mais sont bondés. Elle préfère .Le wagon aussi. Elle déteste.Elle se tient droite, son cartable devant elle comme une armure, se dandidant d’un pied sur l’autre tandis que ses voisins la frôlent. « scusez-moi, à gauche », « scusez-moi, à droite », elle se mord les lèvres, lève les yeux haut ciel ne pouvant rien faire coincée contre la barre de maintien tandis que son voisin la frôle, jusqu’à la PELOTER, au moment où  la rame arrive en gare, les portes s’ouvrent et la foule la libère. Elle accélère le pas pour trouver la sortie, monte les escaliers aussi vite que possible et ne  retrouve son calme qu’au bout de 5 minutes.

-         -  Allo ? c’est moi ?
-         - -- ….
-         -  Y a un mec qui m’a touché dans le métro
-         -  Comment ça , «  toucher » ?
-         -  Ben tu vois, ses mains sur moi, dans le wagon
-         -  Oh, n’y pense pas, ça va passer, ça arrive tous les jours, on en parle ce soir, là j’ai un rendez-vous, mais pleurniche pas, ça va faire couler ton mascara !! allez, t’es la meilleure ma poulette !!

Tit’dame raccroche, sort un miroir de poche et ajoute un peu de noir à ses yeux.
Et là voilà partie à son entretien d’embauche, mettant 5 mn de plus pour y arriver que prévu, ne sachant pas vraiment pour quelle raison, surement une histoire d’équilibre cosmique.
Elle rentre dans un bel immeuble, s’annonce à l’hôtesse d’accueil dont la jupe est très courte, les talons très hauts, et les cheveux très blonds note t elle mentalement. Elles traversent toutes les deux couloirs et salles, prennent un ascenseur avant de se présenter à un autre bureau derrière lequel trône une jumelle de la première hôtesse.
Tit’dame décline son identité,  prend place  - veuillez prendre place lui a-t-on intimé - ,et attend.
Quelques minutes plus tard, un homme sort du bureau, se dirige droit vers le bureau d’accueil, se penche  près de l’hotesse  et lui tapote l’épaule  tandis qu’elle lui tend le dossier de Tit’Dame. Cette dernière se lève et se sent juste mise à nu tandis que l’Homme la regarde de bas en haut puis de haut en bas et de nouveau de bas en haut avant de lui serrer la main. Il l’entoure de son bras avec bienveillance pour la guider vers l’entrée de son bureau dont elle ne sortira que 30 mn plus tard avec une fois de plus la sensation d’avoir été brillante jusqu’à ce que l’ Homme revienne sur son âge et  son  possible désir d’enfants à elle.

-  Allo ? c’est moi
-  Alors ?
- Alors, rien. Comme d’habitude.
-Bon c’est pas grave, tu feras mieux la prochaine fois. Et puis, tu sais, ces postes à responsabilité, c’est peut-être pas pour toi, faut avoir les nerfs fragiles. Dis, comme tu as le temps, tu veux bien me repasser une chemise pour demain ? Allez, pupuce, pleure pas, ça va te faire couler le mascara !

Tit’dame décide donc de ne pas rentrer immédiatement mais d’aller se promener avant de rentrer. Son mec a raison, elle devrait peut-être viser moins haut. Déjà ses profs lui disaient que la littérature et l’art c’était mieux pour elle que les maths. Elle les a écoutées. C’est vrai que c’est pas facile, faut avoir une âme de chef, alors que tout le monde sait que ce serait plus épanouissant pour elle de rester assistante. Elle aurait peut-être dû faire décoratrice d’intérieur. Tout ce rose, ce poudré, c’est tellement féminin.
C’est à ce moment de la promenade, que Tit’dame commença à éprouver la sensation que le monde devenait immense.
Elle continua sa promenade et entra dans un magasin de sports. Elle se dirigea naturellement vers les enseignes roses, mauves, fushia et y trouva des articles de danse et des chaussures de sports roses aussi. « Une vraie tenue de princesse » s’exclama le caissier avec un clin d’œil.

Tit’dame était fatiguée, épuisée par sa journée ; elle aquiesca et sourit en payant.

En sortant, le monde lui parut encore plus grand.
Il était tard maintenant, elle avait marché longtemps , longtemps et était arrivée à la conclusion que sa mère avait raison. Et son mec aussi. Pourquoi se tuer à la tâche pour gagner moins que lui ? autant rester à la maison, faire des enfants, les élever et s’occuper de la maison. Une jolie prison rose poudrée.

Et plus cet avenir se dessinait dans son esprit, plus elle s’enfonçait dans le macadam.

Tit’dame rapetissait.


Et le lendemain, dans les journaux, sa disparition fut annoncée sans que quiconque n’aille interroger le principal responsable de cette disparition : « Mr Patriarcat ».

mercredi 5 novembre 2014

Always, la Traviata, Vania, la sphaigne & moi....


Je suis en colère. Une de celles qui enflent, une de celles chevillées à mon corps, à mes tripes, une de celles qui me donnent envie de me re-connecter avec l'ado que j'étais & de lui dire : " y a du boulot, ma grande, la route est difficile, tu seras pas seule mais t'as pas choisi la voie la plus simple".
Hier ou avant hier, je suis tombée en arrêt devant cette immonde publicité :


Pour l'anecdote, on rappelle que c'est la même marque qui nous a pondu le truc démago à souhaits il y a quelques temps #likeagirl et pinaise, j'y ai cru !!! je me suis dit que le monde allait changer, que ouéééééééééé y avait des gentes qui pensaient égalité, féminisme toussa toussa..... avant de tomber sur ce qu'il convient d'appeler vulgairement parlant "une bonne grosse bouse". 

Parce qu'on ne s'y trompe pas, le message là il est quand même clair : " toi, femelle impure, quand tu as des règles, le nauséabond fumet que tu dégages gène les autres voyageurs"; Accessoirement, c'est évident que toutes les femmes que je connais ont envie de pécho quand elles se retrouvent face à un wagon de mecs suants & transpirants (mais de la sueur qui sent bon). 
Parce que c'est bien connu, quand une femme se déplace dans les transports en commun, elle n'a qu'une seule envie : "PECHO".
Elle n'utilise pas les transports en commun pour juste se déplacer et en profiter pour rêvasser, lire, travailler non, elle veut juste PECHO. 
Et jamais elle a la trouille.
Elle se dit : chouette, un wagon de mecs qui puent rien que pour moi, mais heureusement j'ai ma sphaigne.

Et, oui, !!! LA SPHAIGNE, alors la sphaigne je crois que je vis avec depuis que je sais que le mot "serviette hygiénique" existe.
La sphaigne, c'est ça :


La Sphaigne est une mousse que l'on trouve dans les tourbières, au bord des cours d'eau et des étangs jusqu'à des altitudes de 2000 mètres.
Les sphaignes sont la composante principale des tourbières des zones tempérées, elles sont de véritables éponges végétales capables de stocker d'importantes quantités d'eau ( 30 fois leur poids!).
Ce sont aussi ces mousses qui sont à la base de la formation de la tourbe: En se décomposant elles deviennent d'abord de la tourbe blonde, puis ensuite de la tourbe brune...[source : http://lalam.pagesperso-orange.fr/orchigazette/sphaigne.htm]

Les premiers qui nous ont bien gonflé la serviette et rempli la cup avec l'idée de la femme & la nature, le naturel féminin , et la sphaigne donc c'est VANIA
Souvenez-vous, la liberté & la TRAVIATA.... mais si... Vania mettait en scène un groupe de femmes qui marchaient vers la liberté  !!! 
Et surtout on se marre en allant sur le site officiel: "Pour VANIA, plus les femmes restent à l'écoute de leur coprs, et connectées avec la nature, plus elles sont fortes et libres" 
AMEN 

LA LIBERTE, voilà, tout est dit , donc quand nous avons nos règles, nous ne sommes pas libres, nous sommes emprisonnées par ces odeurs nauséabondes qui nous empêchent de penser, de vivre, mais heureusement Always, Vania & les autres, nous libèrent, grâce à la sphaigne, grâce à des perles de soie qui neutralisent les odeurs . 

Le message qu'on nous adresse ce n'est justement pas celui d'une femme qui est libre de vivre, de penser, de rire, de jouir, non, c'est une femme qui pue. Parce que le sang, celui des menstrues, de la procréation, de l'ovulation, c'est sale. La preuve c'est que le sang dans ces publicités n'est jamais rouge, mais bien bleu.
Bien sûr. 

Et comme si ça ne suffisait pas, ces marques crétines insistent sur l'hygiénisme à tout crin poil en développant toute une gamme de produits pour NOTRE INTIMITE ( traduction : ta chatte elle pue tout le temps). 
Nous avons donc ses serviettes ,( nan mais c'est pas possible), pour tous les jours, et puis des gels aussi, des savons doux, bref, des trucs qui vont donner des odeurs.
Mais pas sa propre odeur.
Ben non.

Conclusion :
le sang est bleu
on sent le chèvrefeuille
on se colle des couches à la sphaigne pour pécho des mecs dans le métro la nuit