- Madame, vous avez oublié votre sac
- Merci Monsieur, vous venez de sauver ma vie
- -Ce n’est qu’un prêté pour un rendu
- - ……
Le
monsieur qui vient de parler m’a tendu mon sac. Nous descendons de l’autobus
tandis qu’il répond à ma muette interrogation :
- Je suis un ancien grand bègue, j’ai bégayé pendant 20
ans, beau voyage.
Et
il s’en alla rejoindre l’aérogare.
Et là, le temps s’arrêta.
Des secondes s’égrénèrent dans un assourdissant vacarme (t’as vu l’oxymore,
là ??) . Le voyageur, tel un Efrit, disparut aussi vite qu’il était apparu et
je retombai de mon nuage assez maladroitement en tentant vainement d’assembler
les éléments chronologiques.
Ce que je fis après le « WAOUH,
collectif » émis par les 4 orthophonistes présentes. ( parce que
franchement, c’est un beau moment de vie non ?)
Nous revenions du 26ème
congrès scientifique de la Fédération Nationale des Orthophonistes à Nantes. Dans la navette qui roulait vers l’aéroport, j’avais
discuté avec une orthophoniste des communications que nous avions entendues et
en particulier du bégaiement. Ensuite, ma légendaire étourderie a fait le reste
et l’équilibre cosmique la suite.
Cependant, je ne crois pas
au hasard. Je crois aux coïncidences, aux chemins qui se croisent, aux choix
que nous faisons mais pas au hasard. Alors après avoir apprécié à sa juste valeur
ce moment d’humanité, j’ai repensé aux interventions que j’avais écoutées
pendant tout ce congrès et à Martin Winckler.
Parce qu’à Nantes, oui, j’ai
écouté Martin Winckler et que, comme d’autres j’ai retracé au crayon noir son dessin sur le carnet-qui-ne-me-quitte-pas
et que depuis je regarde ce dessin ,( rangé avec l’hymne des femmes, hein !) , et je me demande si je suis toujours,
(en tout cas assez souvent), capable d’envoyer la corde à la bonne personne et
au bon moment. Et souvent ce n’est plus une corde mais bien un filet. Un filet
arachnéen, de ceux qui sont assez fins pour ne pas blesser mais assez solides
pour ne pas rompre. Ceux dont on entoure le/la patient-e mais aussi sa famille,
ses ami-e-s. Parce que le/la patient-e ne vit pas seul-e, n’est pas une entité extra-terrestre,
mais bien un-e être humain-e comme moi. Sauf que moi, je suis supposée avoir le
« savoir-faire » et le « savoir-être » susceptibles de l’aider ;
(On exclut ceux/celles qui se plantent et cherchent l’orthopédiste, l’infirmière
ou l’ornithologue).
Donc oui je me suis posé ces questions, une nouvelle fois.
Comme à chaque prise en charge.
Et le dimanche soir, cette bulle irréelle qui vient se poser.
Cet instant rare du témoignage d’un patient à des professionnels.
Comme à chaque prise en charge.
Et le dimanche soir, cette bulle irréelle qui vient se poser.
Cet instant rare du témoignage d’un patient à des professionnels.
Alors je n’ai pas sauvé la
vie de ce monsieur, mais quelque part dans cette partie du monde, un-e ou
plusieurs collègues l’ont fait. Et c’est juste incroyable. Parce que ça
signifie que Martin Winckler était le bien venu à Nantes car ses grains de
sable ont de grandes chances de se transformer en petits cailloux qui nous
serviront à retrouver notre chemin.
Et les petits grains de sable font les grandes plages dorées...
RépondreSupprimerEt si les propos de Martin Winckler résonnent si fort en nous, c'est parce qu'on a la place pour les accueillir !
(non, j'ai pas dit qu'on a la tête vide, c'était un compliment, mais je me rends compte que ça ne passe pas si bien, après coup... Tant pis je le laisse !)
Il n'y a pas plus de rencontres au hasard que de sac oublié sans lien cosmique. Na.
je suis d'accord. J'ai très envie d'écrire sur la place, sur toutes ces facettes....
Supprimersinon c'est amusant qu'on ait publié quasi au mm moment sur ce moment :-)