D’abord j’entends : le bruissement des feuilles des
arbres, le clac de la chaise longue qui se referme, le bruit que font les
semelles des tongs à chaque pas, les cris des enfants à l’approche de la vague,
les verres qui s’entrechoquent, le sons des embrassades, les rires de joie des
retrouvailles.
Et puis je vois : les sourires des êtres aimé-e-s, mes
yeux humides de les quitter, les couvertures des livres qui m’ont accompagnés,
la plage, étendue infinie devant moi, des vignes à perte de vue, des pierres,
des ruelles, des marchés.
Enfin je sens : le parfum des roses, l’odeur des tartes
qui sortent du four, son parfum de brioche en toutes saisons. Je sens aussi que
c’est la fin d’un temps de bonheurs et le début de la reconstruction. Je sens
aussi qu’il va falloir bientôt tourner une page.
Alors je goûte : le sel de la vie et sur sa peau, les
crêpes au sucre, le vin de Bordeaux, les tartes qui sortent du four par magie,
des « gâteaux morts » en pâte à modeler.
Quand je serai grande, je déciderai que je ne serai plus
nostalgique, que la mélancolie c’est nul et que ça ne fait pas avancer.
Et alors, de nouveau j’avancerai droite dans mes bottes et
la tête au vent. En attendant, septembre est arrivé. Avec lui, des cohortes de
tâches dont l’urgence pourrait me paralyser. Alors il me plaît de continuer à
baguenauder dans mes songes d’été. Il me plait de penser que l’été va
continuer, que je porterai mes sandales encore longtemps, que mes lunettes de
soleil continueront à trône sur mon crâne.
On verra après.